đźđ© Mandebulu: un village en pleine mer
La maman de Yuda est originaire dâun autre village Bajau situĂ© Ă plusieurs heures de bateau de Tumbak. Nous avons dĂ©cidĂ© de rendre visite Ă sa famille pour dĂ©couvrir dâautres communautĂ©s qui vivent de maniĂšre encore plus sommaire et isolĂ©e.
AprĂšs 1h dâavion, et 12h de bateau, nous avons atteint le village de Mandebulu, perdu en pleine mer. La premiĂšre petite Ăźle se situe Ă 1h de bateau de ce village sur pilotis !



Les habitants ont choisi ce campement pour plusieurs raisons :
De part son endroit isolĂ©, il y a une forte concentration de poissons : pas de concurrence pour les pĂȘcheurs donc beaucoup de poissons Ă pĂȘcher ! Il nây a pas de boutiques, pas dâĂ©lectricitĂ©, rien Ă dĂ©penser : les habitants peuvent donc mettre de cĂŽtĂ©. Etant situĂ© en pleine mer, les habitants peuvent faire sĂ©cher leur poisson Ă labris des mouches et insectes !


Il faut cependant savoir que les habitants nây restent pas toute lâannĂ©e. Mandebulu est un campement de pĂȘcheur, en complĂ©ment dâune autre maison situĂ©e sur une Ăźle plus civilisĂ©e. Les habitants y restent environ 9 mois dans lâannĂ©e, le temps de pĂȘcher beaucoup de poissons et de rĂ©colter suffisamment dâargent pour faire vivre leur famille, basĂ©e sur une autre Ăźle.
Voici pourquoi ils nây restent pas toute lâannĂ©e :
Il nây a pas dâĂ©cole ou aucune forme dâĂ©ducation scolaire : les enfants en Ăąge dâaller Ă lâĂ©cole nây vivent donc pas. A Mandebulu, on ne trouve donc que des enfants ĂągĂ©s jusquâĂ 6 ans environ puis des adolescents qui ont quittĂ© lâĂ©cole pour venir aider leur parents. Les familles se retrouvent pendant les vacances scolaires. Pas facile tous les jours dâĂȘtre autant sĂ©parĂ©s ! Il nây a pas de boutique donc pas moyen dâacheter de lâessence pour leur bateau ou de nourriture de base comme le riz ou encore du bois pour la cuisson. Les pĂȘcheurs font donc des aller/retour toutes les 3 semaines pour se rĂ©approvisionner.

Nous avons dĂ©couvert une autre technique de pĂȘche appelĂ©e le Bubu : un piĂšce en bambou qui est placĂ© au fond de lâeau pendant 24H, le temps de rĂ©colter des poissons. Les poissons y rentrent par un chemin en forme de trompe et ne peuvent plus trouver la sortie. AprĂšs avoir plongĂ© en apnĂ©e, le pĂȘcheur ramĂšne le bubu sur son bateau et y rĂ©colte le poisson. Un travail souvent effectuĂ© seul et qui dure environ 4h par jour : nous avons testĂ©, câest Ă©puisant !





Pour conserver le poisson, les pĂȘcheurs doivent sâadapter : nâayant pas de glace pour conserver le poisson au frais, les habitants sĂšchent le poisson sur leur terrasse en bambou, avoir les avoir fait mijotĂ© dans de lâeau salĂ©e. Ils utilisent des coquillages pour Ă©cailler les poissons : une autre façon de sâadapter Ă lâenvironnement naturel ! Nous leur avons prĂȘtĂ© main forte !

Nous avons dormi quelques jours dans ce village, aux cĂŽtĂ©s de Endong, un homme dâune grande gentillesse et simplicitĂ©. Comme beaucoup dâenfants Ă lâĂ©poque, Endong a quittĂ© lâĂ©cole aprĂšs le CM2 pour venir en aide Ă son pĂšre pĂȘcheur. Il nâa connu que ce travail lĂ : rĂ©colter les Bubu et faire sĂ©cher le poisson. Aujourdâhui, il a 43 ans, a 3 enfants et est heureux de faire ce quâil fait.

Sa maison est trĂšs sommaire bien sur : pas de meuble, un coin cuisine au feu de bois, un matelas Ă mĂȘme le sol, et un « trou » pour les toilettes !
Il y a le stricte minimum. Il nây a pas dâĂ©lectricitĂ© mais une lampe Ă pĂ©trole. Il nây a pas dâeau courante : ils rapportent de lâeau douche rĂ©coltĂ©e dans des zones spĂ©cifiques Ă quelques heures de bateau.


